Gestion de la colère
La colère est une émotion qui doit être exprimée, mais de la bonne façon!
Les déclencheurs de la colère
En traitant de la notion de territoire, Colette Portelance (docteur en sciences de l’éducation de l’Université de Paris VIII) porte à notre attention que « la capacité à délimiter clairement notre territoire et à établir nos limites est directement proportionnelle à notre capacité à nous définir et à nous affirmer1 ».
Mais de quoi est fait notre territoire ? D’après la Société internationale de recherche interdisciplinaire sur la communication2 , mon territoire comprend « mon espace géographique » c’est-à-dire ma chambre, mon logement, mon mobilier, ma maison ; il comprend aussi mon temps, l’organisation de mes rendez-vous, le respect de mes horaires et mes heures de sommeil. Mon territoire, c’est aussi « mon corps, ma santé, ma vie, ma mort, mes valeurs, mes croyances et mes opinions ». Donc, comme vous pouvez le constater, il y a plusieurs territoires.
Le sentiment que c’est trop, ça vous est déjà arrivé ? Vous savez ce sentiment qui nous rend si inconfortables qu’on voudrait que ça arrête. L’autre vous parle et vous n’êtes plus capable de l’entendre, mais vous ne lui dites pas et vous vous laissez envahir ! Vous avez remarqué, nous avons bien dit vous vous laissez envahir et non pas l’autre vous envahit, parce que c’est votre responsabilité de mettre une limite quand vous ressentez que c’est trop.
On le répète, l’autre n’est pas responsable de ce que vous vivez, il n’est qu’un déclencheur dans votre monde intérieur. Les émotions comme la peur, la joie, la tristesse, le dégoût et la colère se vivent dans notre corps et sous chaque émotion s’en cache souvent une autre. La peur est souvent bien enfouie sous la colère.
Par exemple, une démonstration de notre colère dissimulera souvent la peur de ne pas être aimable, considéré, entendu par les autres. Une autre peur bien souvent déclenchée est celle d’être abandonné, rejeté. Si nous ne sommes pas ouverts ni sensibles à notre monde intérieur, lequel peut renfermer de telles peurs, nous risquons de ne pas être à l’écoute des messages que nous apporte la colère et de donner beaucoup de pouvoir à ces émotions.
Plus nous sommes à l’écoute de notre monde intérieur et de nos émotions, comme les peurs, plus nous aurons d’indications sur les besoins à satisfaire. Comme on le dit souvent à nos clients, il faut apprendre à devenir sensible à nos inconforts. Si nous sommes sensibles à ce qui se passe en nous et si on s’arrête pour écouter notre monde intérieur, nous arriverons à mettre un mot sur nos émotions. Notre rationnel nous sert justement à mettre des mots sur notre monde intérieur, mais pour cela il faut prendre le temps de s’arrêter… Ce n’est pas dans le chaos que nous trouverons nos réponses.
1Colette Portelance dans son livre Relation d’aide et amour de soi, p.335, Les Éditions du CRAM.
2Société internationale de recherche interdisciplinaire sur la communication (SIRIC,1982, p.283).
3Est rationnel tout ce qui est basé sur la raison, sur l’esprit et sur la mise en œuvre de la logique. Par extension, ce terme qualifie ce qui est conçu pour être pratique et efficace. Exemple : avoir un comportement rationnel, des pensées rationnelles, être rationnel dans ses choix, etc.
La colère reliée à la frustration des besoins
Il y a les besoins physiques (manger, boire, etc.) et les besoins psychiques (se sentir en sécurité, s’affirmer, être reconnu, être aimé, être écouté, se sentir libre, se créer comme personne). La colère de frustration est un sentiment d’insatisfaction, de mécontentement, relié au besoin non entendu ou non comblé.
Par exemple, quand nous sommes frustrés face à un besoin insatisfait et que nous restons dans l’attente que l’autre le comble…. Ou encore, quand nous sommes frustrés contre une situation sur laquelle nous n’avons aucun contrôle (trafic, temps d’attente chez le médecin ou à l’hôpital).
La colère de frustration sera également ressentie lorsque nous rencontrons le refus ou encore la résistance des autres à répondre à nos besoins. Il est alors utile de discerner le moyen avec lequel nous pensions répondre à notre besoin afin d’éviter de tomber dans le contrôle.
À quoi sert la colère de frustration ?
La colère reliée à la frustration des besoins nous indique qu’il y a un besoin que nous devons écouter et identifier dans un premier temps. Nous aurons par la suite à mettre en place des moyens pour communiquer nos besoins et y répondre. La colère ainsi dirigée devient une énergie menant à l’affirmation et au respect de soi et de l’autre. Dans le cas où nous restons dans l’attente que l’autre comble nos besoins ou qu’il change, nous donnons tout notre pouvoir à l’extérieur. L’attente est l’envers de la responsabilité.
De nos jours, la vie va vite : la famille, les activités, les amis, le travail, notre vie de couple… Les journées passent à un rythme effréné, on a toujours l’impression de courir après le temps. Les moments où l’on peut penser, arrêter, ne serait-ce qu’un seul instant dans notre journée pour relaxer, sont souvent très rares. Cela peut causer des frustrations qui s’accumulent et éveiller une émotion de colère qui, si elle n’est pas écoutée, peut se transformer en agressivité et même en gestes de violence.
Les conséquences de la colère
Lorsque les crises de colère sont trop fréquentes ou lorsque l’enfant, l’adolescent ou l’adulte brise des objets, fait peur aux autres ou devient un danger pour lui-même ou les autres, des sessions de thérapie sont recommandées. Une intervention rapide peut empêcher ce trouble de comportement de perdurer.
Chez l’adolescent et l’adulte, la colère peut se manifester par une attitude insolente et de défi des règles, par un isolement, par des paroles blessantes, par un ton de voix fort ou par des cris et même des menaces. Des agressions physiques peuvent même survenir (pousser et frapper).
Gestion de la colère
Si un individu n’est pas en mesure de calmer par lui-même sa colère ou d’en identifier les causes pour y remédier, cela peut avoir des impacts négatifs sur sa vie et ses relations interpersonnelles, et même provoquer une dépression. La rage manifestée ou contenue peut amener des problèmes qui vont augmenter le désarroi et l’insatisfaction…
Il faut comprendre que la colère, comme toutes les émotions, se base sur la perception d’une menace (fondée ou non!). La personne réagit alors pour prévenir le danger, soit en intimidant l’autre ou en attaquant ce qui semble la menacer. Pour ne pas que cette colère se transforme en agression et pour gérer cette émotion, il faut apprendre à l’exprimer de la bonne manière, en évitant les crises extrêmes.
Il y a plusieurs façons de gérer la colère de façon positive : l’écoute des signes physiologiques que la colère monte (chaleur, frissons, ton élevé de la voix) afin de se calmer, l’expression des besoins, l’affirmation de soi, la reconnaissance de nos limites, etc.
Lors d’une thérapie de gestion de la colère, le (la) thérapeute tente d’identifier avec la personne les causes qui provoquent sa colère, guide la personne afin qu’elle reconnaisse les signes qu’une crise de colère est sur le point de survenir (comprendre ses réactions et agissements), et la guide vers des moyens de gérer/exprimer cette colère de façon non violente, ou de s’en défaire.
Thérapie en gestion de la colère
Nos thérapeutes: Normand Faubert, Laurence Landry Deland, Charles Payette et Brigitte Portelance.